Bragno (Bragny-sur-Saône)
Localisation du site
tiré de
www.culture.gouv.fr/Les-musees-en-France
Situé sur la terrasse argilo-sableuse de la rive droite de la Saône, 300m en aval du confluent de la Saône et du Doubs, ce village d’environ 3ha a été découvert puis fouillé de 1968 à 1979 par A. Guillot, puis de 1987 à 1989 par J.-L. Flouest.
Description du site
Les bâtiments enterrés ou semi-enterrés (0,7 à 1,7m de profondeur) sont fréquents ; des traces de poteaux dans les angles confirment la présence d’une structure de soutien des parois et d’une toiture. Ils forment parfois des ensembles, caves, celliers, habitats dont l’emprise peut atteindre 50 m2. Des aménagements liés à l’activité de tissage (fosse de métier à tisser avec trente-cinq pesons pyramidaux tombés au fond) mais surtout au travail du bronze et du fer, ont été observés. Il s’agit de fosses remplies de scories (100 à 300 kg par fosse), de bases de four conservées sous la forme de couronnes d’argile cuite, environnées de fragments de parois vitrifiées. Ailleurs, ce sont des négatifs de plots de bois pour enclumes, remplis de petites lamelles bleutées de fer, résidus de forgeage.
Activités du site
Les forgerons semblent avoir occupé au moins un tiers de la surface du village, ce qui montre la spécialisation de cette communauté. La réduction du minerai de fer et surtout le travail de la forge sont visibles : scories, battitures, barres de fer carré, plaques de fer plat ; sous forme d’objets : fibules, trousses de toilette, éléments de vaisselle métallique ou en bois. Les mêmes artisans travaillaient le bronze pour fabriquer des fibules et de la vaisselle métallique.
Pendant un peu plus d’un siècle, ce site, du fait de sa position privilégiée à un carrefour des grands axes de circulation nord-sud (Rhône, Saône, Meuse) et est-ouest (Loire, Dheune, Doubs, Rhin ou Suisse), a donc été en relation avec les grands centres politiques et économiques du moment. La colonie grecque de Marseille et les autres comptoirs de la vallée du Rhône, les Etrusques puis les cités de la région des lacs d’Italie du nord (culture de Golasecca) ont commercé avec ce village particulièrement dynamique. On peut affirmer que cette communauté avait
un haut niveau de vie d’après les objets recueillis (flacons de verre de Méditerranée orientale, vins, céramiques grecques ou grises fines tournées, ambre, corail, nourriture carnée privilégiant la viande bovine). Cette richesse reposait manifestement sur le travail très qualifié d’artisans, peut-être cosmopolites, qui avaient su s’installer à un endroit clé du commerce entre les principautés du monde celtique hallstattien et les capitales du monde méditerranéen occidental.